J'aime pas ça, quand on me dit: Tu es hypersensible.
J'aime pas quand on me dit: Mais t'as pas connu la colonisation, toi. Pourquoi en parles-tu tant?
Non, moi j'aime pas ça.
Quand on me dit, le regard froncé : Tu te radicalises...
Bon, ça va encore,
Une radicalisation en cours de téléchargement,
Du mouvement.
Mais lorsqu'on me dit: Tu es l'exemple d'une intégration réussie.
Là, c'est la fin de la discussion.
Comme un vent qui souffle, il souffle fort et voilà que je tombe comme un fruit à la recherche de ses racines
Par où c’est que ça commence, les racines ?
Où mettre le curseur ?
[Avant / Après]
La source. La ligne de démarcation.
La transition
C’est étrange, on parle d’arbre généalogique, comme si l’arbre poussait par son feuillage.
Je vous l’avoue, mes racines généalogiques sont courtes,
Trop courtes,
Elles ont été sciées,
elles ont été soigneusement déterrées, des mètres et des kilomètres de racines triées, amputées, démembrées, déportées, exposées,
Quel arbre suis-je donc ?
Dans quelle forêt ?
On nous dit, Plantez des arbres! Plantez des arbres! c'est une évidence
Ne serait-ce qu'au nom de la contemplation.
La beauté. L'harmonie. L'humanité.
Mais que vaut un petit-chêne-génération-Z devant un baobab millénaire ?
Je suis un arbre aux racines courtes
Que pena! Mais c'est rien,
Olha ! Olha ! Regardez ces milliers de millions d’arbres à la frondaison abondante, luxuriante,
[La luxure]
Ils n'ont même pas de tronc.
Ce sont des choux gras. Des brocolis. Des brocolonis.
De la laitue. Verte salade.
Flotte, Ô flotte mon âme, énorme bubinga, là-haut,
Lever les mains pour m’enraciner.
Envole-toi, telle une réflexion poétique sur les racines généalogiques
Max Lobe
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