Si elle est arrivée en prison, c’est pour viol. Elle a pris quinze ans. Elle avait forcé sa femme. Sa femme avait dit: Non, pas ce soir, tu sais, j’ai mes choses, pi ça fait mal.
L’autre avait sorti son sexe, une bite affamée perd son ouïe. Cette main-ci bâillonne l’épouse, et l'autre ouvre la voie.
L’épouse avait cédé. Ahurie, comme si c’était la première fois.
Le rut, lorsqu’il a jouit en elle. Le père de ses enfants! Ce souvenir ne la quitte pas.
Le lendemain, elle a pris la pilule, puis cette fois-ci, elle a aussi pris une avocate, le tribunal.
La presse.
C’est comme ça que le mari s’est pris quinze ans de taule.
Il y a une croix dans sa cellule. Dieu fait des miracles ! Tous tes péchés te sont pardonnés, dit le crucifix. La Bible de chevet demeure dans ses mains.
Il n’y a pas d’âge pour découvrir qui l’on est. Il n’y a même pas de contexte dans tout ça, non, il n'y a qu'un rendez-vous.
Un rendez-vous avec soi-même.
Pour elle, le rendez-vous avait eu lieu en prison.
Enfin, elle est devenue elle-même.
[Or,
Les co-prisionniers, eux, ne pardonnent rien.
Ils savent pourquoi tu es là.
C’était ta femme, tu l’as violée.
Alors, ils te font ça aussi.]
On doit la transférer chez les femmes.
L’opinion publique s’indigne. La presse dit que c’est un danger pour les autres femmes, un loup dans la bergerie.
Castration! Castration!
Est-ce qu’une femme peut violer une autre femme? Les doigts, le froid de la langue du varan, ou peut-être même le chaud de la bite.
Et si on essayait des prisons mixtes?
Max Lobe
Une magnifique image de @imraanchristian (Instagram)
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